Migration

 

Le tablier


« Le tablier » est une installation composée d’environ cinq cents cuillères en aluminium et d’une toile en forme de tablier de deux mètres cinquante de haut sur un mètre quarante de large. Chaque cuillère numérotée est suspendue sur une plaquette d’aluminium portant le numéro correspondant. La plupart des cuillères ont déjà quitté ce tablier. Elles se déploient au sol sur une superficie d’environ six mètres carré et laissent apparaître sur la toile leurs centaines de petites plaquettes numérotées. Un éclairage frontal souligne leur absence. Mémoire en transparence que révèlent au dos du tablier les ombres de ces emplacements vides.

J’ai choisi d’utiliser les cuillères en aluminium pour parler cette fois de migration. À la suite d’une exposition que j’ai réalisée à Bogotá sur le thème de la nourriture, je proposai le soir du vernissage, de déguster la soupe de ma grand-mère. J’ai alors recueilli un grand nombre de commentaires sur l’importance de la soupe en Colombie  mais aussi sur celle de la cuillère.
La soupe est un plat incontournable dans un grand nombre de pays où sont recyclés les restes de la veille. « Ajiaco » soupe colombienne dont ils sont très fiers, est devenu le plat national. Jorge me raconta que son père, riche propriétaire terrien, possédait sa cuillère personnelle, de très grande taille, qu’il utilisait quotidiennement. Il y a cinquante ans en Colombie, « la cuchara » différait en taille et en qualité selon les classes sociales. La cuillère en aluminium était utilisée dans les milieux populaires où ce métal dit « pauvre » était plus économique que le métal argenté
Venues d’un peu partout, en route vers autre part, ces cuillères désertent le grand tablier familial pour partir à la recherche de leur nourriture.
 Proverbe russe : « Le monde est un chaudron, l’homme est une cuillère qu’on y trempe ».



Le tablier


«Le tablier» is an installation created with approximately five hundred aluminium spoons and a 2.50m x 1.40m curtain-like canvas. Each numbered spoon is designed to hang on an aluminium hook with its corresponding number. However, most of the spoons are already on the floor, spread across a 6m2 surface, and so hundreds of small numbered hooks are left on the canvas. The absence of the spoons is highlighted by front lighting which reveals the shadows of these empty hooks on the back canvas - a transparent register.
I have chosen the aluminium spoons to talk about migration. During the opening of an exhibition which I presented on the subject of food in Bogota, I offered a tasting of my grandmother’s soup. I collected then a considerable number of commentaries not only on the importance of soup in Colombia, but also on the importance of spoons.
Soup is an essential dish in many countries, made from the leftovers of the day before. Colombians are very proud of their soup «Ajiaco», which has become their national dish. Jorge told me that his father, a wealthy landowner, possessed a large personal spoon which he used every day. Fifty years ago in Colombia, «la cuchara» differed in size and quality depending on the social class. The aluminium spoon was used by working-class families for whom this “poor” metal was cheaper than silver.
Coming from many different places, and on the way to somewhere else, these spoons leave the big family table to go in search of their food.
Russian proverb: «The world is a pot, man is a spoon that dips in it».






"Le tablier". Subkulinaria, Deutzer Brücke. Cologne. 250 x 150 cm, 2008.
 

Détail "Le Tablier", ombres au dos.


"Migration" galerie MAPRA,  Résonance, biennale Lyon , 2009.


Détail "Migration", plaquettes en aluminium numérotées.



"Fin de l'attente ou la voix retrouvée"

 

J’ai réalisé « Fin de l’attente ou la voix retrouvée » pour l’exposition « La dégelée Rabelais ». Je remercie Claude Gagnebet qui par son énorme travail nous a permis de décoder l’œuvre de François Rabelais.
J’ai utilisé pour constituer cette pièce en forme de langue, un nombre précis de 399 cuillères. Ce nombre correspond au cycle complet d’une année, plus 34 jours qui renvoient à la date du 3 Février.
Cette date est incontournable dans l’œuvre de Rabelais. Elle correspond à la date de naissance de son personnage, le géant «  Gargantua », « grand gosier ». C’est aussi le 3 Février que l’on fête la Saint Blaise, le saint qui protège des maux de gorge et où les paroles gelées dont parle Rabelais pourront être, ce jour là,  dégelées et nous livrer leur secret


I created «Fin de l’attente ou la voix retrouvée» [The end of waiting or the rediscovered voice] for the exhibition «La dégelée Rabelais» [Rabelais Unfrozen]. I would like to thank Claude Gagnebet for the enormous amount of work he put in to helping us decode François Rabelais’ work.
In order to give this piece the form of a tongue, I used a very precise number of spoons: 399. This figure corresponds to the complete cycle of a year, plus the 34 days that lead up to the 3rd of February.
This date is essential in the work of Rabelais. It is the day his character, the giant Gargantua, “Big Throat”, is born. It is also the day when people celebrate Saint Blaise, the saint who offers protection from throat diseases. And it is the day when the frozen words Rabelais talks about can be finally unfrozen and reveal their secret.



 "Fin de l'attente", La dégelée Rabelais, Ancienne Maison Consulaire, Mende. 250 x 150 cm, 2008.


Détail. "Fin de l'attente ou la voix retrouvée".